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SERVICE de PSYCHIATRIE et de PSYCHOLOGIE MEDICALE

CHU ANGERS

 


Avertissement : toute référence à cet article doit faire mention de son auteur et du site de la "Psychiatrie Angevine"
Copyright SERVICE DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOGIE MEDICALE CHU ANGERS 2004

1ère RENCONTRE DE GERONTOPSYCHIATRIE
ET
DE PSYCHOGERIATRIE EN ANJOU

ANGERS , LE JEUDI 21 OCTOBRE 2004


Table ronde du 21 octobre 2004

Réflexions autour de la mise en place au secteur 6 d’un projet gérontopsychiatrique Docteur LEJARD, Praticien Hospitalier – Docteur FLOCH, Assistant Généraliste

I – Bref rappel historique

Dans les années 1980 – 1990, malgré de nombreux textes élaborés autour de la prise en charge des personnes âgées (décret du 8 avril 1960 suite au rapport Laroque, circulaire du 14 mars et du 2 juin 1972, circulaire du 4 février 1986, etc…), les services des hôpitaux psychiatriques accueillaient chaque jour un nombre important de personnes âgées avec le spectre d’une certaine chronicisation institutionnelle.

L’intérêt porté par le secteur 6, et notamment son chef de service, le Docteur ANGLADE, pour la prise en soins des personnes âgées, avait permis dès cette époque de rassembler les après-midis un certain nombre d’anciens dans une pièce aménagée « à l’ancienne » autour d’ateliers à visée intellectuelle (mémoire,  lecture), et corporelle (gymnastique douce, jeux…). Le temps d’échanges autour du goûter était particulièrement investi. Ce groupe était animé par des infirmiers volontaires sous contrôle d’un psychologue et d’un psychiatre. Par la suite le temps de prise en soins a même été augmenté et se déroulait les jours ouvrés en 9 – 17 H par 3 infirmiers référents. Il s’agissait alors, pour la plupart, de personnes hospitalisées au long cours.

II – De 1990 à 2000, l’évolution de la politique de santé aboutit à un changement de stratégie

Les spécificités de notre secteur géographique (essentiellement rural et éloigné) associées à l’évolution institutionnelle hospitalière et à celle des idées en matière de gérontopsychiatrie ont progressivement influencé nos pratiques.

Ainsi, l’éloignement du secteur, la diminution importante du nombre des lits, l’augmentation de l’activité soignante en dehors de l’institution psychiatrique avec la mise en place des CMP-CATTP, des HJ, des AFT qui représente au sein de notre secteur une unité d’hospitalisations à part entière, d’un travail de proximité (maintenant matérialisé par des consultations dans les maisons de retraite, foyer-logements, hôpitaux locaux, etc….), ont bien entendu nécessité des changements de stratégie quant à la prise en soins des personnes tout en essayant de conserver une place privilégiée pour les personnes âgées.

Nous avions donc progressivement mis en place un projet spécifique autour de deux axes :

augmentation de notre présence dans les maisons de retraite, foyer-logements, hôpitaux locaux, par le biais de consultations médicales et psychologiques, de VAD infirmières, de liens privilégiés avec les équipes (proposition d’EPU, de formation).

Mise en place dans un des deux pavillons (celui qui n’est pas d’admission pour éviter le stress des admissions difficiles) de 6 lits de crise au rez-de-chaussée.

Ce projet étant étayé par un travail de réflexions autour d’idées directrices telles que (la liste n’est pas exhaustive) :

Þ toutes stratégies intéressantes dans la prise en soins des personnes âgées passent par un dépassement du clivage entre le sanitaire, le social et le médico-social.

Þ installer la continuité des soins en faisant vivre le patient comme sujet d’où la nécessité de développer son propre réseau de proximité.

Þ l’intérêt d’une réponse de soins rapide permettant d’éviter une décompensation brutale, il existe effectivement un risque de suicide élevé chez la personne âgée

Þ Enfin, la nécessité d’une prise en charge spécifique semble confortée par les études épidémiologiques qui montrent une prévalence annuelle de 20 % environ de troubles mentaux chez les 65 ans et + (avec 11 % de pathologie relative à l’anxiété ; 4,5 % de troubles de l’humeur ; 6,6 % de troubles cognitifs).

III – Etat des lieux actuel

En 2003, l’apport de 30 % de temps médical d’un poste de praticien hospitalier, octroyé par l’ARH pour développer dans le Maine et Loire la politique de soins auprès des personnes âgées, s’est réparti de la façon suivante :

15 % de temps médical pour la psychiatrie de liaison dans le service du Pr GARRE

10 % de temps médical dans le service de gérontologie du Pr BERRUT

5 % de temps médical pour la consultation mémoire dans le service du Pr DUBAS

Cet apport a permis de tisser des liens avec nos partenaires du CHU et de renforcer nos travaux de continuité en se positionnant entre l’extérieur représenté par le lieu de vie de la personne âgée et nos lits de crises au CESAME.

Ceci nous ramène également à nos réflexions où il nous apparaît un rôle bien spécifique de la psychiatrie auprès des personnes âgée à savoir la détection précoce de leurs troubles mentaux permettant ainsi d’essayer de différencier les processus du vieillissement normal et pathologique (de différencier un état dépressif d’un début progressif de démence). Ce travail nécessitant la compétence d’une équipe mobile, pluridisciplinaire, pluriprofessionnelle, permettant plusieurs types de réponses et la mise en place d’un projet global autour de l’individu (thérapeutique, social, familial, institutionnel….). Ce rôle spécifique décrit ne doit cependant pas faire oublier la prise en charge des états de crise qui nécessite une action rapide à visée évaluative et une réponse graduée et adaptée allant de l’ambulatoire (consultation) à l’hospitalisation en milieu spécialisé.

CONCLUSION

Cet intérêt que le secteur 6 porte à la prise en soins de personnes âgées apparaît moteur et s’inscrit bien entendu dans le projet de secteur avec :

Un renforcement de la collaboration avec nos collègues du CHU

un projet de consultation pluridisciplinaire d’évaluation gérontopsychiatrique au sein de notre secteur

un projet de réaménagement des 5-6 lits de gérontopsychiatrie en favorisant des chambres à un lit dans le cadre de la rénovation du pavillon.

Enfin, cette approche devra sans doute être affinée, améliorée, mais elle a, à mon sens, l’intérêt d’éviter la création d’une grande unité gérontopsychiatrique en permettant aux personnes âgées de continuer à bénéficier d’une prise en charge sectorielle plus adaptée à leur problématique.

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