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Psychiatrie de l'Enfant et de l'Adolescent

 


travaux de recherche

PSYCHOPATHOLOGIE ET QUALITE DE VIE DE L'ENFANT TRANSPLANTE RENAL

A - ARGUMENTS

B - OBJECTIFS

C - MALADES ET METHODES
1°) Les malades
a) Echantillon
b) Identification de la population
c) Groupes témoins
2°) Méthodes
a) Durée
b) Echelles d'évaluation
c) Entretiens
d) Investigateurs

D - DEROULEMENT DE L'ETUDE

E - ASPECTS ETHIQUES ET TECHNIQUES.



              Nous savons que les enfants souffrant d'insuffisance rénale chronique et vivant au rythme des hémodialyses, présentent des difficultés psychologiques réactionnelles à type de troubles anxieux et dépressifs (cf. revue de la littérature).

Au cours des dernières années, sur le plan somatique, la transplantation rénale a considérablement modifié la prise en charge de l'enfant insuffisant rénal chronique. Si la greffe rénale constitue une spectaculaire avancée, médicale et scientifique, qu'en est-il sur le plan psychologique ?

Au plan psychologique, nous posons l'hypothèse que pour certains enfants, la transplantation rénale majorerait significativement et durablement le niveau d'anxiété et de dépression. En ce sens, la transplantation rénale pourrait apparaître comme une "deuxième maladie chronique".

Plusieurs problématiques psychologiques spécifiques à la greffe rénale (et non à la maladie chronique) expliqueraient cette majoration anxieuse et dépressive :

 

Sentiment de déception et de désillusion par rapport à un traitement (la greffe) qui est vécu et attendu comme une guérison.

 

Confrontation à la mort : mort d'une fonction vitale mais aussi mort évitée. La confrontation à la mort est crainte et évitée par une gamme de mécanismes psychopathologiques et de conduites régressives.

 

Processus de deuil : outre le deuil d'un corps entier, "complet", cette résurrection se fait grâce au cadavre. Des mécanismes psychiques de deuil se déclenchent : quelqu'un est mort pour que l'on puisse prélever son rein... (ou du moins quelqu'un s'est sacrifié, s'il s'agit d'un donneur vivant).

De plus, il s'agit d'une mort de l'autre attendue... et souhaitée. La liste d'attente est une liste où l'on attend la mort d'un autre... pour vivre. La culpabilité vient complexifier un processus de deuil souvent mal élaboré. Enfin, le donneur est inconnu du receveur ce qui est source de tous les fantasmes et de questions sans réponses, ce qui n'est pas sans conséquences psychopathologiques chez l'enfant.

 

Vécu du corps étranger intracorporel et difficultés d'incorporation psychique du greffon ce mécanisme d'incorporation psychique du greffon est d'autant plus marqué que l'enfant est grand et conscient que sa vie est liée à la présence de ce "corps étranger". Le processus psychopathologique d'incorporation est progressif et peut s'étendre sur de longues durées où oscillent des sentiments de méfiance voire de vécu persécutif, de mise à distance mais aussi d'attention et d'adoption progressive. L'ambivalence est souvent présente autour de l'organe transplanté, simultanément bon et mauvais objet.

Une autre question se pose à la suite de la greffe : "va-t-elle prendre ?". Le suivi médical vient rythmer la vie du sujet greffé. Le corps est scruté, palpé ; ses sécrétions sont dosées, analysées. La moindre anomalie est traquée ; le corps est observé dans ses réactions... Tout signe de rejet doit être dépisté. Du côté de l'enfant, l'angoisse du rejet est toujours là, plus ou moins bien vécue. L'enfant greffé dénie sa greffe ou se surveille, s'écoute... Il doit progressivement accepter ce corps étranger.

Enfin, cette incorporation psychique du greffon s'effectue différemment selon qu'il s'agit d'un "rein de cadavre" ou d'un rein de donneur vivant apparenté.

 

Blessures narcissiques : la transplantation d'organe confronte l'enfant à l'image traumatisée de son propre corps ; corps et organe(s) défaillant(s), corps insuffisant, corps mutilé (fistule artério-veineuse, cicatrice, pilosité accrue...), corps greffé... Le corps est marqué de souffrances ; il stigmatise et rappelle à l'ordre quotidiennement ; il renvoie à une réalité douloureuse. L'enfant est le plus souvent passif ; il subit et accepte plutôt facilement les différents traitements et interventions médicales et chirurgicales. Peu de questions, peu de demandes émergent. Cependant, la réappropriation et l'acceptation de ce corps transformé sont-elles aussi simples et bien vécues ? Les modifications de l'image corporelle n'accentuent-elles pas la notion d'anormalité voire d'étrangeté ? Les effets secondaires des traitements (hyperpilosité, petite taille...) de même que la nécessité rigoureuse d'une prise pluri-quotidienne de médications et des contrôles biologiques réguliers majorent les difficultés de l'adolescent à l'égard de son corps.

Le rejet du traitement s'apparente alors à un rejet de ce corps greffé... ce qui peut amener un rejet de la greffe rénale. La violence contre le corps est parfois massive.

 

Angoisse et culpabilité : Le développement de l'enfant greffé est entravé sur de nombreux points : communication, affection, sécurité, expériences nouvelles, responsabilité, réussite et estime de soi. Angoisse et culpabilité se mêlent à ces difficultés qui s'auto-entretiennent. Angoisse de mort, angoisse du rejet, angoisse corporelle, deuil et culpabilité favorisent des mécanismes de refoulement parfois massifs avec inhibition et répression préconsciente des fantasmes angoissants. La spontanéité et les capacités d'expression apparaissent muselées, les capacités d'engagement et de créativité semblent diminuées, l'agressivité aggravée. Le risque majeur est la solitude de l'enfant ; solitude et repli exprimant un authentique vécu dépressif. Il semble ressortir chez certains enfants greffés un caractère essentiellement défensif, voire hyper-défensif, appauvri et rigidifié.

 

Dépendance affective : Les répercussions psychologiques de la greffe rénale sont bien sûr vécues différemment par l'enfant en fonction des réactions et attitudes parentales, conscientes et inconscientes. Les modalités réactionnelles parentales apparaissent parfois pathogènes, faisant état d'angoisses, de culpabilisation, de fuite, de repli sur soi ou de recherche de compensations dans d'autres domaines. Non dialogue, interdits, surprotection et finalement isolement ou passivité sont parfois retrouvés et majorent les difficultés de l'enfant greffé.

Cette aventure psychique de la greffe concerne tout autant les parents. Il semble important de le prendre en compte dans l'avenir psychologique de l'enfant.

Un autre aspect semble tout aussi important. En effet, après la greffe, au moment où les enfants peuvent reprendre une vie "quasiment normale", lorsque le corps, réparé, se remet à fonctionner, les effets du traumatisme psychique s'expriment avec plus ou moins d'ampleur ; les moyens de défense psychique se renforcent. La greffe rénale vient modifier la vie psychique interne mais aussi les relations avec l'entourage, avec l'impression d'un vécu de "lâchage", d'autonomisation brutale, difficile à assumer et à vivre. La greffe rénale vient bousculer les liens de l'enfant greffé avec son entourage.

 

L’hypothèse psychopathologique principale est donc que certains enfants n’intègrent pas véritablement la notion de greffe. Le travail psychologique d’incorporation psychique du greffon ne se fait pas. La greffe apparaît alors comme un traumatisme que l’enfant subit le plus souvent passivement (d’autant qu’il est plus jeune). Les moyens de défense psychique sont souvent très marqués, de type refoulement, (parfois massif), avec inhibition et répression préconsciente de fantasmes angoissants (liés au greffon) ou bien encore de dénégations «défensives» (+++). Ces mécanismes apparaissent plus ou moins marqués selon que la greffe est issue d’un rein de cadavre ou de donneur vivant apparenté (plus ou moins proche et familier).

Ainsi, pour certains enfants greffés, la transplantation rénale viendrait comme une "2ème maladie chronique". C’est à dire qu’au lieu de permettre une amélioration et une situation d’apaisement, la greffe rénale vient au contraire amplifier la souffrance.

L’idée implicite et sous-jacente à cette étude est qu’il nous semble important de mettre en place un accompagnement psychologique avant la transplantation, tant auprès des enfants que des parents ; ceci afin d’éviter, chez certains enfants, une majoration des troubles psychologiques voire des complications psychiques secondaires à la transplantation rénale.

 

Dans une deuxième partie de l'étude, nous analysons la qualité de vie des enfants greffés rénaux.

 

Cette recherche "Psychopathologie et qualité de vie de l'enfant transplanté rénal" est une étude prospective, multicentrique (8 CHU) et pluridisciplinaire (Pédiatrie - Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent).

B - OBJECTIFS :  Les objectifs de notre étude sont de deux ordres :

1) - Vérifier l'hypothèse de l'existence de troubles psychopathologiques de type anxiété et dépression et évaluer leur incidence et leur prévalence jeune greffé rénal :

Montrer que la greffe rénale majore significativement et durablement le niveau d'anxiété et de dépression ;

Mettre en évidence certaines spécificités de ces états dépressifs en relation avec la greffe rénale ;

Rechercher et étudier les facteurs prédictifs de syndrome anxiodépressif dans cette population d'enfants greffés.

2) - Analyser la qualité de vie de ces enfants greffés rénaux.

C - MALADES ET METHODES

1) Les malades :

a) Echantillon (Groupe 1):

            L'étude concerne tous les enfants en attente de greffe rénale. L'échantillon est ainsi constitué d'une cohorte de 40 enfants, âgés de 5 à 15 ans, inscrits sur la liste d'attente. Après inclusion, des groupes d'âge pourront être constitués afin de repérer d'éventuelles spécificités selon l'âge.

Le recrutement s'effectue dans 8 Centres Hospitalo-Universitaires : Angers, Nantes, Paris (Necker, Trousseau  et R. Debré ), Tours, Lille et Lyon.

b) Identification de la population :

            Pour chaque enfant inclus dans l'étude (et pour ses parents), une fiche d'identification est remplie (cf. annexes : "Fiche par patient").

Critères d'inclusion : tous les enfants et adolescents de 5 à 15 ans, en attente de greffe et suivis dans les services de néphropédiatrie cités ci-dessus, sont inclus dans l'étude.

Critères d'exclusion retenus :

- Refus de l'enfant et/ou de ses parents,

- Maladie chronique associée, indépendante de la maladie rénale (diabète, maladie neurologique, cancer, leucémie ...).

- Enfant ayant déjà eu une greffe de rein.

- Pathologie psychiatrique connue avant la greffe rénale:

* psychose,

* autisme

* déficience mentale,

* tentative de suicide.

c) - Groupes témoins (Groupes 2 et 3):

            Un des intérêts de l'étude est d'évaluer les répercussions psychologiques d'une greffe rénale. Nous tentons de sérier ce qu'il en est de cet effet greffe, même s'il paraît difficile de l'individualiser parmi les autres effets : maladie chronique, intervention chirurgicale, traitements immunosuppresseurs... A cet égard, nous constituerons deux groupes témoins.

Un premier groupe témoin (groupe 2) est constitué de 40 enfants, âgés de 5 à 15 ans, ayant une maladie rénale chronique, ne justifiant ni hémodialyse ni greffe rénale (syndromes néphrotiques cortico-dépendants, néphropathies modérées...) mais justifiant cependant une surveillance médicale et donc un suivi régulier. Ainsi, l'effet greffe pourra être mesuré (cf. schéma du déroulement de l'étude). Concernant les deux groupes d'enfants étudiés [groupe 1 (enfants greffés) et groupe 2 (enfants témoins)], tous deux concernent des enfants porteurs d'affections graves: transplantation rénale pour le premier, pathologie néphrologique chronique (ne justifiant dans l'immédiat ni dialyse ni greffe) pour le second. Pour ces deux groupes, on peut penser que ces affections graves sont potentiellement à l'origine d'un stress psychologique important.

Exclusivement pour l’analyse de la qualité de vie, les résultats obtenus auprès de ces deux groupes d’enfants (groupe 1 et groupe 2) sont comparés à des résultats obtenus auprès d’enfants « sains ». Ce deuxième groupe témoin (groupe 3), est en effet constitué d’enfants « tout venant » interrogés en milieu scolaire par l’Unité Script-Inserm de Lyon. Ce groupe témoin servira de base de référence quant à l’analyse de la qualité de vie.

Si, à l'évidence, ce groupe d’enfants « sains » (groupe 3) n'a aucun bénéfice à attendre de sa participation, les deux autres groupes d'enfants malades vont bénéficier d'un dépistage permettant d'initier ou d'améliorer la prise en charge des conséquences psychologiques de leur affection. En ce sens, cette étude procure un "bénéfice individuel direct" aux enfants malades (recommandation du CCPPRB).

2) Méthodes

a) - Durée :

- Période d'inclusion : 20 mois  (Novembre 1999 - Juin 2001).

- Suivi : les enfants sont vus à T1 : date d'inscription sur la liste d'attente. Ils sont revus à T2 : date fixée à 6 mois après la greffe rénale (Cf. schéma de l'étude) et à T3, 1 an après (soit 18 mois après la greffe). La durée entre T1 et T2 est variable et dépend du délai d'attente de greffe. Ce délai moyen est de 3 à 6 mois. Cette notion sera à prendre en compte dans l'analyse des résultats de notre étude.

- Durée de l'étude : l'étude prospective se déroulera sur 3 ans.

Nul doute que cette étude revêtirait un intérêt supplémentaire si elle pouvait se prolonger à 5 voire 10 ans après la greffe rénale. Si l'opportunité nous en est donnée, nous pourrions alors mesurer, à long terme, les effets psychopathologiques et la qualité de vie des enfants greffés rénaux devenus adultes.

 

b) - Echelles d'évaluation.: Approche psychométrique, quantitative.

            Il n'existe pas de questionnaires ni de tests spécifiques aux sujets transplantés. D'autre part, les échelles d'évaluation psychologique sont peu développées chez l'enfant (en comparaison aux outils existant chez l'adulte). Les questionnaires et échelles utilisés ici ont cependant été testés et validés chez l'enfant et sont reconnus internationalement.

 

Concernant le premier objectif de l'étude, nous utilisons :

- Echelle STAI :

Concernant la mesure des troubles anxieux, nous utilisons l'inventaire d'anxiété trait-état (State-Trait Anxiety Inventory - Spielberger, 1983), échelle d'autoévaluation de l'anxiété des plus utilisées. Cet outil permet de quantifier de façon indépendante l'anxiété actuelle au moment de la passation (anxiété-état) et le tempérament anxieux habituel du sujet (anxiété-trait). La partie de l'échelle anxiété-état permet la mesure des modifications anxieuses induites par la greffe rénale.

- Echelles CDI et CDRS-R :

Concernant les troubles de l'humeur, nous utilisons d'une part la CDI (Children Depression Inventory - Kovacs et Beck, 1977), autoquestionnaire actuellement le plus employé et d'autre part la CDRS-R (Children Depression Rating Scale, Poznanski et coll. 1984). Ces outils ont été choisis pour leur fiabilité et leur bonne valeur discriminante. L'association des deux échelles (auto-évaluation et hétéro-évaluation) améliore l'évaluation du trouble dépressif, parfois masqué.

- Echelle CGAS :

Concernant le fonctionnement social et scolaire de l'enfant nous utilisons la CGAS (Children's Global Assessment Scale, Shaffer, 1983). Elle constitue une approche originale et non redondante par rapport à d'autres évaluations de la psychopathologie de l'enfant. Ses scores sont bien corrélés à l'intensité de la symptomatologie.

 

Concernant notre deuxième objectif, la qualité de vie, nous utilisons :

- AUQUEI :

Cet auto-questionnaire de la Qualité de Vie Enfant Imagé (AUQUEI) a été élaboré et largement validé par l'équipe Script-Inserm de Lyon. Il comporte 26 items ("Echelle fermée") et une question ouverte ("Echelle ouverte") et explore la qualité de vie de l'enfant d'un point de vue des affects, de son corps, de ses activités, de ses relations aux autres et des éléments extérieurs à lui-même. Cet outil a déjà été utilisé chez l'enfant malade chronique ; il apparaît bien adapté aux objectifs fixés dans notre étude.

 

c) – Entretiens : Approche psychopathologique, qualitative.

            A ce niveau, nous recherchons des spécificités des états anxio-dépressifs des enfants greffés rénaux (ceci, au delà des répercussions classiques de la maladie chronique). Ainsi, au cours des entretiens effectués au temps T3, 10 points sont systématiquement abordés suivant un questionnaire semi-structuré. Lors de ce questionnaire, sont abordés les problématiques psychologiques suivantes :

d) - Investigateurs :

Psychiatre investigateur : Pr Ph DUVERGER (Angers).

Directeur de recherche : Pr Ph JEAMMET (Paris VI).

Services de Néphropédiatrie des C.H.U. d' Angers, Nantes, Paris (3), Tours, Lille, Lyon.

Conseil et validation statistiques : Pr P CALES (Angers).

D - DEROULEMENT DE L'ETUDE:

            Dans un premier temps (T1), nous rencontrons tous les enfants (40) en attente de transplantation rénale (inscrits sur la liste d'attente). Pour chaque enfant, nous établissons une "Fiche par patient" reprenant l'ensemble des données caractérisant notre échantillon : données socio-démographiques et médicales (anamnèse, taille, dialyse, type de greffe, traitements,…). Nous évaluons l'existence ou non de critères d'exclusion.

Puis, une fois inclus, nous effectuons une consultation auprès de l'enfant en utilisant les différentes échelles et outils décrits ci-dessus. Puis nous rencontrons les parents afin de compléter nos observations. Nous veillons à ce que dans la chronologie de la maladie, la date d'inclusion se fasse à un moment comparable ; pour ce faire, nous avons choisi la date d'inscription sur la liste d'attente.

Dans un deuxième temps (T2), nous rencontrons ces enfants, 6 mois après la transplantation rénale. Cette nouvelle évaluation se tient donc après la phase aiguë de soins somatiques post-opératoires, lorsque l'enfant reprend une vie "normale".

Enfin, une consultation est fixée à un temps T3, un an après, c’est à dire 18 mois après la greffe rénale. Durant cette nouvelle consultation, et comme à T2, la passation des mêmes échelles et les entretiens sont réalisés.

L'ensemble des données obtenues seront bien sûr analysées en fonction de l'âge de l'enfant, de sa maladie rénale initiale, de son statut social et familial, du type de greffe (rein de cadavre ou allogreffe), des données médicales (taille…), des traitements immunosuppresseurs prescrits après la greffe. Afin de préciser si la greffe rénale majore significativement le niveau d'anxiété et de dépression, nous comparerons les scores obtenus avant et après la greffe dans le groupe des transplantés par un test apparié. L'utilisation d' un test statistique puissant permettra de détecter de petites variations, ce qui paraît utile dans un groupe de 40 individus. Les délais étant variables entre T1 et T2, nous analyserons alors si les corrélations sont valables entre les scores obtenus à ces deux temps.

Un groupe témoin (groupe 2) est constitué de 40 enfants ayant une maladie rénale chronique, ne justifiant ni hémodialyse, ni greffe rénale. Pour ces enfants, les troubles anxieux et dépressifs sont évalués de la même manière et avec les mêmes outils. D’autre part, pour ce groupe 2, il apparaît important de réaliser aussi 3 mesures, en prenant soin de faire en sorte que le délai d'observation soit similaire entre les deux groupes de malades. De même, nous veillons à la comparabilité du groupe greffé (groupe 1) et du groupe témoin (groupe 2), ceci en faisant un appariement de l'âge et du sexe.

Cette étude permettra de mesurer l'existence de troubles anxieux et dépressifs chez les enfants greffés rénaux et de montrer que la greffe rénale majore durablement et significativement le niveau d'anxiété et de dépression chez certains enfants. Quant à la question de savoir si l'on peut prédire ce risque, cela nécessite une analyse dans le groupe des enfants greffés. Nous tenterons alors de déterminer des variables prédictives indépendantes. Nous espérons que la taille de l'effectif sera suffisante. Les critères de jugement principaux doivent être définis. Nous n'avons pas retenu de niveaux de score aux échelles précisées par la littérature mais plutôt un niveau d'évolution des variables déterminées à posteriori, c'est à dire un niveau delta (ex. une augmentation de 10% sur les échelles).

 

Enfin, concernant la qualité de vie, le questionnaire AUQUEI sera passé auprès de l'ensemble des enfants de l'étude (groupe greffé et groupes témoins). Nos résultats seront comparés à la base de données de l’équipe Script-Inserm puisque ce questionnaire a été passé et validé auprès de plus de 3000 enfants. Le traitement et l’analyse statistique de nos résultats sont assurés par l’équipe Script-Inserm (Dr A. Dazord, Dr A. Manificat, Lyon).

 

Une analyse intermédiaire est prévue à n = 20, pour principalement effectuer un calcul d'effectif nécessaire.

 

Enfin, dans l'analyse finale de l'ensemble des paramètres et des résultats de cette recherche, nous n'omettrons pas la dimension clinique, essentielle à nos yeux. Tout en gardant une rigueur scientifique, nos résultats et commentaires seront étayés par des vignettes cliniques issues de nos rencontres avec les enfants et les familles, mais aussi avec les équipes soignantes. Nous développerons alors les spécificités cliniques et psychopathologiques retrouvés chez les enfants greffés en rappelant que chaque histoire est unique et que l’aventure de la greffe se conjugue au singulier (cf. approche psychopathologique qualitative).

E - ASPECTS ETHIQUES ET TECHNIQUES :

            Pour chacun des enfants malades, chaque rencontre avec l'enfant et ses parents est précédée d'une explication du travail de recherche entrepris et des buts de l'étude. En outre, une lettre d'information est remise aux parents (cf. Annexes). Un formulaire de consentement de participation est signé par l'enfant et ses parents avant toute inclusion dans l'étude.

Tous les questionnaires sont anonymisés et codés (numérotés). A chaque nom, est attribué un numéro aléatoire ; l'attribution étant faite par l'investigateur de l'étude. La "clé" de cette attribution n’est connue que de lui seul.

Cette précaution :

- permet l'anonymat des questionnaires,

- évite que des tiers n'aient accès à certaines informations,

- permettra un retour d'information.

Concernant le retour d'information, celui-ci ne se fera qu’à la demande des participants et des familles.

L'avis du Comité d'Ethique a été sollicité. Celui-ci a donné un avis favorable.

Le Comité Consultatif de Protection des Personnes dans la Recherche Bio-Médicale a lui aussi donné un avis favorable à ce projet de recherche.

Ce projet de recherche a été reconnu et subventionné dans le cadre du Programme Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC - 1998). Promoteur : C.H.U. d'Angers.

Durée :3 ans.                        Novembre 1999-Décembre 2002.

Calendrier :

            Période d'inclusion : Janvier 2000 - Juin 2001.

            Suivi à T.2 et T.3 :  Juin 2000 - Décembre 2002.

            Fin de l'étude : Décembre 2002.

Lieux :

            CHU Angers (Dr Champion)

            CHU Nantes (Dr Guyot)

            CHU Necker Enfants-Malades. Paris (Pr. Broyer - Pr. Niaudet)

            CHU Clocheville - Tours (Dr Cloarec).

            CHU R. Debré - Paris (Pr.Loirat)

            CHU Trousseau - Paris (Pr Bensman)

            CHU J. de Flandre - Lille (Dr. Foulard).

            CHU E. Herriot (Pr. Cochat).

 

            La transplantation rénale, traitement de choix de l'enfant souffrant d'insuffisance rénale chronique terminale, est actuellement standardisée sur le plan somatique. Elle est devenue une technique habituelle voire routinière pour certaines équipes pédiatriques. Elle n'en reste pas moins une épreuve psychologique complexe, une aventure parfois douloureuse et lourde de conséquences : Vivre avec l'organe d'un autre, cela ne va pas de soi.

L'objectif de cette recherche est de mettre en évidence l'existence de difficultés psychologiques, de troubles anxieux et dépressifs parfois intenses chez certains enfants greffés rénaux. Ces troubles sont parfois masqués, occultés. Une meilleure connaissance de ces troubles psychiques permettrait un dépistage précoce et la mise en place d’accompagnements psychologiques, tant auprès de l'enfant que de ses parents.

Un deuxième objectif de recherche, corrélé au premier, est de mesurer ce qu'il en est de la qualité de vie de ces enfants greffés rénaux.

Nul doute que cette étude revêtirait un intérêt supplémentaire si elle pouvait se prolonger à 5 voire 10 ans après la greffe rénale. Si l'opportunité nous en est donnée, nous pourrions alors mesurer, à long terme, les effets psychopathologiques et la qualité de vie des enfants greffés rénaux devenus adultes.